Remise des certificats de maturité gymnasiale
Jean-Marc Scherrer, Directeur du Lycée cantonal de Porrentruy
Chers élèves,
Vous avez choisi, il y a plus de trois ans, une voie de formation exigeante dont une étape importante se concrétise aujourd'hui. Vous avez su, avec le soutien précieux de vos parents, de vos amis et de vos enseignants, vaincre les multiples obstacles dont est jalonné le parcours d'un lycéen. Les résultats que vous avez obtenus démontrent que vous avez acquis les savoirs, les savoir-faire et surtout la maturité indispensable pour poursuivre votre chemin vers ces horizons que vous imaginez.
Hier, en fin d'après-midi, vous étiez nombreux massés devant le lycée à attendre 18 heures et qu'enfin le doute fasse place à la certitude. L'espace se libère. Vous vous précipitez vers les listes nommant les 171 lauréats de la volée 2018. Votre regard hésite, les lettres se mélangent. Enfin votre nom apparaît et vous laissez éclater votre joie.
Le futur que vous espériez devient la réalité de l'instant présent, où par quelques mots et l'approbation de Monsieur Daniel Sangsue, président de la Commission cantonale de maturité gymnasiale et l'assentiment de Monsieur le Ministre Martial Courtet, chef du Département de la formation, de la culture et des sports, j'ai l'immense plaisir de vous déclarer Bachelière et Bachelier.
Chers élèves, vous avez certainement, dans l'un ou l'autre de vos cours, abordé les événements qui ont secoué la France et ses voisins il y a de cela cinquante ans. A Porrentruy, au mois de juin 1968, le photographe Bernard Willemin immortalisait une scène burlesque. On y voit le représentant de l'autorité essayer de chasser, à coups de balai, les élèves de l'école cantonale manifestant devant l'Hôtel de Ville. On peut facilement les imaginer scandant des propos provocateurs tels que "sous les pavés la plage" ou "il est interdit d'interdire". La révolte estudiantine bruntrutaine ne dispensa pas les lycéens de disserter sur le thème "Être jeune, ce n'est pas détruire, mais construire", d'étudier une fonction rationnelle et finalement d'obtenir leur certificat de maturité. La volée 1968 compte 46 bacheliers dont un tiers de filles.
Cet instantané est révélateur des changements qui ont depuis profondément transformé le système éducatif et en particulier le cadre dans lequel sont dispensés les enseignements.
Le respect de l'autorité s'entendait comme la stricte obligation de l'élève, mais aussi de ses parents, de traiter le maître avec déférence en raison de sa supériorité, de son savoir et de son mérite. L'autorité du maître ne pouvait être remise en question puisqu'elle était garante de la morale établie, indiscutable à l'époque. En conséquence, les élèves qui rencontraient des difficultés dans leurs apprentissages ou qui éprouvaient de la peine à suivre les consignes du maître subissaient toute sorte de bri- mades, allant de l'humiliation lorsqu'ils devaient se couvrir d'un bonnet d'âne au châtiment corporel, lorsque le maître les frappait.
Chers élèves,
Vous avez choisi, il y a plus de trois ans, une voie de formation exigeante dont une étape importante se concrétise aujourd'hui. Vous avez su, avec le soutien précieux de vos parents, de vos amis et de vos enseignants, vaincre les multiples obstacles dont est jalonné le parcours d'un lycéen. Les résultats que vous avez obtenus démontrent que vous avez acquis les savoirs, les savoir-faire et surtout la maturité indispensable pour poursuivre votre chemin vers ces horizons que vous imaginez.
Hier, en fin d'après-midi, vous étiez nombreux massés devant le lycée à attendre 18 heures et qu'enfin le doute fasse place à la certitude. L'espace se libère. Vous vous précipitez vers les listes nommant les 171 lauréats de la volée 2018. Votre regard hésite, les lettres se mélangent. Enfin votre nom apparaît et vous laissez éclater votre joie.
Le futur que vous espériez devient la réalité de l'instant présent, où par quelques mots et l'approbation de Monsieur Daniel Sangsue, président de la Commission cantonale de maturité gymnasiale et l'assentiment de Monsieur le Ministre Martial Courtet, chef du Département de la formation, de la culture et des sports, j'ai l'immense plaisir de vous déclarer Bachelière et Bachelier.
Chers élèves, vous avez certainement, dans l'un ou l'autre de vos cours, abordé les événements qui ont secoué la France et ses voisins il y a de cela cinquante ans. A Porrentruy, au mois de juin 1968, le photographe Bernard Willemin immortalisait une scène burlesque. On y voit le représentant de l'autorité essayer de chasser, à coups de balai, les élèves de l'école cantonale manifestant devant l'Hôtel de Ville. On peut facilement les imaginer scandant des propos provocateurs tels que "sous les pavés la plage" ou "il est interdit d'interdire". La révolte estudiantine bruntrutaine ne dispensa pas les lycéens de disserter sur le thème "Être jeune, ce n'est pas détruire, mais construire", d'étudier une fonction rationnelle et finalement d'obtenir leur certificat de maturité. La volée 1968 compte 46 bacheliers dont un tiers de filles.
Cet instantané est révélateur des changements qui ont depuis profondément transformé le système éducatif et en particulier le cadre dans lequel sont dispensés les enseignements.
Le respect de l'autorité s'entendait comme la stricte obligation de l'élève, mais aussi de ses parents, de traiter le maître avec déférence en raison de sa supériorité, de son savoir et de son mérite. L'autorité du maître ne pouvait être remise en question puisqu'elle était garante de la morale établie, indiscutable à l'époque. En conséquence, les élèves qui rencontraient des difficultés dans leurs apprentissages ou qui éprouvaient de la peine à suivre les consignes du maître subissaient toute sorte de bri- mades, allant de l'humiliation lorsqu'ils devaient se couvrir d'un bonnet d'âne au châtiment corporel, lorsque le maître les frappait.
Aujourd'hui, le respect et l'autorité sont toujours bien présents, mais le sens qu'on leur attribue est bien différent. Le respect se comprend comme une attitude réciproque de l'enseignant et de l'élève qui consiste à ne pas porter atteinte à autrui et à tenir compte de la liberté individuelle de chacun. L'autorité a repris son sens premier, puisque le mot latin "auctor" signifie celui qui augmente la confiance, fait avancer, conseille, aide à grandir, à se développer.
Les principes moraux qui régissaient l'organisation de la cellule familiale des années soixante imposaient à l'épouse de s'occuper du ménage. Les jeunes filles devaient donc être formées à cette tâche. L'école y pourvoyait en dispensant des cours d'économie familiale qui leur était exclusivement réservés, les jeunes garçons suivant dans le même temps les cours de sciences. Parmi les raisons invoquées justifiant une telle discrimination, on lit dans un "Manuel de l'éducation domestique et d'instruction ménagère" je cite :"l'une des plus sérieuses raisons, c'est que l'économie domestique devient facilement une science de bonté et de charité. Toutes les autres études : histoire, mathématique, physique, chimie, etc., peuvent être en un sens des sciences égoïstes, c'est-à-dire recréant notre intelligence sans la préoccuper d'autrui… Si la ménagère s'applique à l'épargne de tous les instants, à des nettoyages ennuyeux, à des coutures fastidieuses, c'est qu'elle est soutenue par ces deux pensées : " Je veux rendre heureux ceux qui m'entourent," et "En travaillant ainsi, je remplis le premier devoir pour lequel Dieu m'a mise sur la terre…". Il était dès lors très difficile pour une adolescente de prétendre entreprendre des études. Aujourd'hui, toutes les voies de formations sont possibles sans distinction de sexe.
Il y a cinq décennies, les élèves qui présentaient des différences cognitives, physiques ou comportementales par rapport à ce que l'autorité considérait comme étant la norme ne bénéficiaient d'aucune attention particulière. Certains étaient exclus du parcours scolaire et placés en institution. Les autres arrivaient difficilement à la fin de la scolarité obligatoire, souvent qualifiés de médiocres, de perturbateurs ou d'asociaux. L'accès aux études lycéennes leur était pratiquement impossible.
Depuis, la scolarité obligatoire a vécu d'importantes mutations, dont le passage du principe d'exclusion à celui d'inclusion. Elle a aujourd'hui les moyens d'accompagner les élèves différents afin qu'ils puissent s'épanouir et mettre en évidence leurs réelles aptitudes. L'accès aux études supérieures leur est ainsi possible.
Bien d'autres changements ont affecté le parcours des lycéens depuis mai 68 et l'avenir promet d'être riche encore de défis à relever. Je peux citer : la mise en place du suivi et de l'évaluation des compétences de base en langue première et en mathématiques, constitutives de l'aptitude générale aux études supérieures, l'introduction de l'informatique ou l'amélioration de la prise en compte du principe de compensation des désavantages.
Chers élèves, vous avez durant votre passage au lycée contribué au rayonnement de votre école. Je vous remercie sincèrement ainsi que toutes les personnes qui vous ont entourés lors de vos participations au jury du "roman des Romands", aux olympiades de physique, aux concours de robotique, au concours d'exécution musicale et j'en oublie certaine- ment. J'adresse un merci particulier à l'Atelier Théâtre pour sa magnifique interprétation de la pièce Petites Victoires ainsi qu'au chœur du Lycée qui nous a offert un splendide concert.
Les principes moraux qui régissaient l'organisation de la cellule familiale des années soixante imposaient à l'épouse de s'occuper du ménage. Les jeunes filles devaient donc être formées à cette tâche. L'école y pourvoyait en dispensant des cours d'économie familiale qui leur était exclusivement réservés, les jeunes garçons suivant dans le même temps les cours de sciences. Parmi les raisons invoquées justifiant une telle discrimination, on lit dans un "Manuel de l'éducation domestique et d'instruction ménagère" je cite :"l'une des plus sérieuses raisons, c'est que l'économie domestique devient facilement une science de bonté et de charité. Toutes les autres études : histoire, mathématique, physique, chimie, etc., peuvent être en un sens des sciences égoïstes, c'est-à-dire recréant notre intelligence sans la préoccuper d'autrui… Si la ménagère s'applique à l'épargne de tous les instants, à des nettoyages ennuyeux, à des coutures fastidieuses, c'est qu'elle est soutenue par ces deux pensées : " Je veux rendre heureux ceux qui m'entourent," et "En travaillant ainsi, je remplis le premier devoir pour lequel Dieu m'a mise sur la terre…". Il était dès lors très difficile pour une adolescente de prétendre entreprendre des études. Aujourd'hui, toutes les voies de formations sont possibles sans distinction de sexe.
Il y a cinq décennies, les élèves qui présentaient des différences cognitives, physiques ou comportementales par rapport à ce que l'autorité considérait comme étant la norme ne bénéficiaient d'aucune attention particulière. Certains étaient exclus du parcours scolaire et placés en institution. Les autres arrivaient difficilement à la fin de la scolarité obligatoire, souvent qualifiés de médiocres, de perturbateurs ou d'asociaux. L'accès aux études lycéennes leur était pratiquement impossible.
Depuis, la scolarité obligatoire a vécu d'importantes mutations, dont le passage du principe d'exclusion à celui d'inclusion. Elle a aujourd'hui les moyens d'accompagner les élèves différents afin qu'ils puissent s'épanouir et mettre en évidence leurs réelles aptitudes. L'accès aux études supérieures leur est ainsi possible.
Bien d'autres changements ont affecté le parcours des lycéens depuis mai 68 et l'avenir promet d'être riche encore de défis à relever. Je peux citer : la mise en place du suivi et de l'évaluation des compétences de base en langue première et en mathématiques, constitutives de l'aptitude générale aux études supérieures, l'introduction de l'informatique ou l'amélioration de la prise en compte du principe de compensation des désavantages.
Chers élèves, vous avez durant votre passage au lycée contribué au rayonnement de votre école. Je vous remercie sincèrement ainsi que toutes les personnes qui vous ont entourés lors de vos participations au jury du "roman des Romands", aux olympiades de physique, aux concours de robotique, au concours d'exécution musicale et j'en oublie certaine- ment. J'adresse un merci particulier à l'Atelier Théâtre pour sa magnifique interprétation de la pièce Petites Victoires ainsi qu'au chœur du Lycée qui nous a offert un splendide concert.
La fin de cette année scolaire marquera le départ en retraite de Madame Rosa Maria Cano. Il y a 35 ans, elle entrait au service de l'école juras- sienne pour y enseigner l'espagnol, d'abord à l'école de commerce de Delémont, puis au lycée cantonal. Dès 2003, elle initie les élèves de l'option spécifique espagnole, à la beauté et aux subtilités de la langue hispanique, elle leur fait découvrir Cervantez ou Federico Garcìa Lorca et les emmène s'imprégner de la culture de son pays d'origine en organisant régulièrement des séjours linguistiques à Salamanque.
Mesdames Corinne Eschenlhor et Laure Donzé ont décidé de réorienter leur activité professionnelle et nous quitteront à la fin de l'année scolaire. Madame Eschenlohr, enseignante de latin et de grec, n'a pas ménagé ses efforts à convaincre de l'utilité d'étudier les langues anciennes. Madame Donzé s'est battue, et certainement continuera ce combat au-delà de son engagement au Lycée, afin de pérenniser la "matu" théâtre. Toutes deux ont marqué de manière durable le service de médiation du Lycée par l'écoute particulière qu'elles ont su offrir à nos étudiants.
Bachelières, bacheliers, tous les espoirs vous sont permis et, comme le scandent les étudiants de mai 68, je cite " Dans les chemins que nul n'avait foulés, risque tes pas ! Dans les pensées que nul n'avait pensées, risque ta tête !".
Je terminerai mon propos en espérant pour vous, Bachelières et Bacheliers, le meilleur des avenirs.
Bachelières, bacheliers, tous les espoirs vous sont permis et, comme le scandent les étudiants de mai 68, je cite " Dans les chemins que nul n'avait foulés, risque tes pas ! Dans les pensées que nul n'avait pensées, risque ta tête !".
Je terminerai mon propos en espérant pour vous, Bachelières et Bacheliers, le meilleur des avenirs.